dimanche 24 avril 2011

Wishmaster


Réalisation : Robert Kurtzman

Scénario : Peter Atkins

Avec : Andrew Divoff, Robert Englund, Tammy Lauren

Année : 1997

Musique : Harry Manfredini; Durée : 87 min; Pays : USA

Un mauvais génie en latex, le sinistre Djinn, s’en vient foutre le souk dans notre dimension après avoir réussi à s’échapper d’une opale de feu dans laquelle il était enfermé depuis des siècles.

Un peu d’histoire : en 1997, le cinéma d’horreur est au plus bas, et son fossoyeur à pour nom Wes Craven. En effet, son Scream cynique pour adolescent attardé avait (involontairement) tiré le genre vers un déclin qui dura une décennie.

C’est grâce à cette détérioration qu’un film comme Wishmaster a réussi à tirer son épingle du jeu. Là où, en d’autres temps, cet ersatz de cinéma, laid à faire peur et filmé avec les pieds, aurait dû s’empoussiérer dans les étagères de vidéo-clubs spécialisés, il aura ici suffit à lancer une franchise juteuse et prolifique !
C’est donc avec cette bouse que Wes Craven concluait sa trahison au genre, inaugurée avec Scream, cette trahison même qui tenait à faire croire à l’industrie du cinéma que l’horreur devait être filmée par des incapables pour ne s’adresser qu’à des demeurés. Un film qui restera pour moi le symbole d’une bien triste époque…

Note : 3/10

Zombie King and the legion of doom

Réalisation : Stacey Case

Scénario : Sean K. Robb,Bill Marks

Avec : Jules Delorme, Jennifer Thom, Rob 'El Fuego' Etcheverria, Nicholas Sinn, Jason Bareford, Jim Neidhart, Raymond Carle

Année : 2003

Musique : Steve Kratt; Durée : 76 min; Pays : Canada

Voilà un film qui s’annonçait terrible. Packaging démentiel et coloré, George Romero au générique, un titre dévastateur (Zombie King and the Légion of Doom : on ne fera jamais mieux) et une phrase d’accroche qui accroche "Que le carnage commence !". Non, vous ne rêvez pas, Romero-Zombie-Catcheurs masqués- carnage-légion-musique garage de dingue, tout ça dans un même film ! Sauf que dès les premières images, c’est la débandade.

Pour faire vite, on peut écrire qu’ils s’amusent comme des fous, se bougent comme des attardés, sont laids comme des poux, fauchés comme les blés, s’activent comme des gastéropodes et se battent comme des clowns...

En fait de carnage, le seul auquel on assiste est celui du scénario par Bill Marks lui-même. Farci de bonnes idées (Comme le quotidien très ordinaire de nos supers-catcheurs) Marks force encore plus le trait pour superposer les couches de parodie sur son script déjà barré. A cela une raison évidente: la prétention de créer à tout prix un film culte. Malheureusement il ne restera dans l’histoire qu’un film fauché, à base de cuisses grassouillettes et de catch bas de gamme.

Zombie King est littéralement interminable. Un film qu’il est donc conseillé de voir bourré, sans quoi il vous laissera l’impression de vous être fait fourguer par Néo Publishing un beau produit, au fourreau magnifique, mais au contenu dont la date limite de consommation est dépassée depuis belle lurette. Tellement qu’il a pris un goût de chiottes, qu’il dégage une odeur de merde et qu’il a un aspect repoussant comme rarement. Quitte à l’acheter pour l’habillage, n’hésitez pas à ne mater que la bande annonce, elle est aussi nulle que le film, mais elle passe plus vite…

Note : 3/10

La nuit des fous vivants (The crazies)


Réalisation : Georges A. Romero

Scénario : George A. Romero et Paul McCollough

Année : 1973

Musique : Bruce Roberts; Durée : 103 min; Pays : USA

Suite à un accident d’avion, un virus expérimental se répand dans l’atmosphère d’une petite bourgade qui va sombrer dans la folie.

Romero, auréolé du titre de pape de l’horreur contestatrice, se lance donc dans une critique acerbe de l’armée et de ses méthodes alors que la guerre du Vietnam se termine, abandonnant la société américaine dans la plus grande confusion. Les militaires, qui n’ont donc pas la cote, exterminent dans The Crazies, la population locale pour ne pas avoir voulu ébruiter l’existence d’une arme bactériologique.

Seulement le grand Georges a vu grand. Trop grand. S’il avait pu suggérer l’apocalypse de la nuit des morts vivants en isolant ses survivants dans un espace clos, il se ramasse lamentablement devant la démesure de son ambition. Et comme il filme le tout comme un morne épisode de Columbo (décors tristounets, gros plans de mauvais téléfilms, déguisements tout droit sortis d’un magasin discount de farces et attrapes) autant dire que la nuit des fous vivants se ramasse la gueule dans les grandes largeurs. La réalisation molle s’éternise sur des acteurs de série Z qui récitent leurs interminables dialogues en cabotinant pire que Christian Clavier dans Les bronzés 3. C’est horrible, moche comme jamais et cerise sur le gâteau, bourré de stock-shot immondes, indignes des pires nanards cannibales italiens.

Bref, il a tout pour plaire. Sauf que les plus patients, et dieu seul sait qu’il faudra l’être, pourront accéder à la dernière bobine qui, d’un seul coup, voit Roméro reprendre la main. Réalisation plus vive dès lors que sa poignée de héros barre en sucette. Inceste, tuerie, tension, et enfin émotion s’invite à l’écran alors qu’on n’y croyait plus. Et en vingt minutes, on y trouve tout ce que Romero reproduira dans Dawn of the Dead, jusqu’à un final nihiliste parfaitement déprimant, signature même du géant de Pittsburgh. Vingt minutes qui à elles seules valent largement le détour tant elles font le pont entre les deux premiers volets de la saga des morts vivants. Un retournement de situation qui sauve de justesse le métrage du désastre. De justesse seulement…

Note : 5/10

mercredi 20 avril 2011

Maniac Cop


Réalisation : William Lustig

Scénario : Larry Cohen

Avec : Tom Atkins, Bruce Campbell, Laurene Landon, Richard Roundtree, Robert Z'dar

Année : 1988

Musique : Jay Chattaway; Durée : 85 min; Pays : USA 

Au plus profond des ruelles endormies de New York, seulement éclairées par des réverbères dont la lumière peine à creuser l’obscurité, un détraqué travesti en flic zigouille une partie de la faune qui peuple la grosse pomme.
Aux manettes, William Lustig fait le métier avec conviction. Mais c’est surtout la patte de Larry Cohen que l’on retrouve dans ce Maniac Cop, mi-horreur, mi-action movie, qui suit à la lettre le cahier des charges que le scénariste Cohen s’impose toujours, c'est-à-dire de ne jamais impatienter le spectateur grâce à une histoire qui file sans répit et limite les scènes de bavardage au maximum.
On n’oubliera pas de noter également la superbe genèse du Maniac dans un flash back impitoyable sur fond de comptine angoissante. Un film extrêment riche et distrayant, qualités auxquelles il faut évidement ajouter Robert Z’Dar, l’incroyable interprêtre de Matt Cordell, qui offre à son rôle sa gueule à faire plus peur sans maquillage qu’avec, son regard déserté par toute lueur d’intelligence, et sa mâchoire disproportionnée de carnassier. Sa performance est inoubliable, tout comme ce film peu bavard, bourrin, tragique et premier degré qui soulève l’enthousiasme tant Maniac Cop s’assume comme un pur divertissement estampillé eighties. Chapeau bas messieurs !

Note : 7/10

mercredi 13 avril 2011

Rubber

Réalisation : Quentin Dupieux

Avec : Stephen Spinella, Roxane Mesquida, Jack Plotnick

Année : 2010

Musique : Mr Oizo, Gaspard Augé ; Durée : 85 min; Pays : France

Quentin Dupieux pose les jalons de son incroyable Rubber dans une scène d’exposition d’anthologie, où Stephen Pinella, flic et accessoirement monsieur loyal du film, sort du coffre d’une voiture qui vient d’écraser une dizaine de chaises en plein désert, pour faire un speech aux spectateurs -nous et nos d’alter-egos, une quinzaine d’américains moyens, panel édifiant du spectateur lambda- où il explique que la raison d’être de l’entreprise sera justement l‘absence de raison.

Introduction à la renaissance d’un pneu sérial killer que l’on va regarder faire de l’apnée, suivre des émissions de gymnastique matinale, boire à la rivière comme un prédateur, prendre une douche, s’interroger sur le sens de sa vie devant un miroir, draguer les filles, dormir à la belle étoile et bien sûr, éclater par télépathie pneumatique tout ce qui se trouve sur son passage, avec une prédilection certaine pour les têtes humaines. Tout cela sous l’œil avide de ces badauds qui nous incarnent, captivés par un spectacle qui n’en est même pas un.

Loin d’être aussi nonsensique qu‘il le proclame, Rubber déroule sous nos yeux tout un décor référentiel à l’histoire du cinéma d’horreur, citant tour à tour Massacre à la tronçonneuse, Psychose, l’enfer des zombies, Shinning, Scanner, j’en passe et des slashers. Motel miteux, désert inondé par un soleil de plomb, piscine à la fraîcheur enivrante, snack dépeuplé, redneck affublés de lunettes de soleil vintage, sergents interchangeables, station service désaffectée, transcontinentale goudronnée type 66, tous les stéréotypes du Texas des années 70 sont rassemblés sous l‘appareil photo de Dupieux.

L’ambiance est également planante, à la grâce de la musique cosignée par Mr Oiso (le réalisateur) et Gaspard Augé (la moitié de Justice), qui colle au film de Quentin Dupieux comme un slim au cul d’un obèse. L’humour juste assez décalé, sonne toujours juste. Au final Rubber flirte à la lisière du cinéma Arty et de l’exploitation pure, et donne à voir un hybride quasi-parfait, véritable alliage alchimique d’audace et de divertissement. Une bombe…

Note : 10/10